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ksenia douchkina & toli matveiev

Dans les environs de minuit, le château était silencieux. Seuls les enseignants se promenaient dans les couloirs, s'assurant qu'aucun étudiant ne soit en train de flâner dans les corridors, et les quelques fantômes de l'établissement. Le ricanement de Marko, un des esprits frappeurs de Dürmstrang, résonna dans les toilettes de l'aile Nord, suivi du rugissement furieux d'Ulrik, le deuxième esprit frappeur. Au premier étage, une ombre passa dans un des coins des murs près de la Grande Salle, avant de se poster derrière une statue placée près de la porte du hangar destiné à entreposer les valises des étudiants. Le jeune homme sortit sa baguette, après avoir inspecté soigneusement que personne n'était là, et déverrouilla la porte d'un Alohomora informulé. Le bruit de loquet se fit entendre distinctement, mais il n'y entra pas tout de suite. Quelques minutes plus tard, Toli sortit de sa cachette et entra dans le hangar, ouvrant et refermant la porte avec maintes précautions.
Le sorcier poussa un petit soupir de triomphe une fois dans le hangar et baissa le capuchon noir qu'il avait mis sur sa tête, histoire de cacher sa tignasse blonde. Pas envie de devoir se coller une autre retenue pour un truc aussi banal qu'avoir outrepassé le couvre-feu -il avait déjà les toilettes, ou la salle des potions, à récurer à la brosse à dents. Merci, Brobroff, encore merci. Un regard de lui et il alla s'asseoir sur un des bancs de bois, bancal et dur, près du mur, marchant en silence. La pièce était relativement bien isolée, pour le son, mais il préférait ne pas prendre de risques tant qu'il était seul.

Toli posa sa baguette sur la banc, à sa droite, et enleva son chandail noir à capuchon, qu'il avait mis par-dessus son t-shirt noir, ainsi que son autre chandail long de la même couleur. Puis, il frotta ses paumes, pour les réchauffer, sur ses jeans sombres. Il était habillé pour ne pas se faire repérer. Pas question de se faire prendre en flagrant délit alors qu'il avait un rendez-vous secret avec son amoureuse ! La honte, sinon. Il se leva à nouveau, reprenant sa baguette dans sa main, et commença à marcher dans le hangar, histoire de faire quelque chose en attendant Ksenia. Finalement, la veille, il n'avait pas pu la voir, Brobroff l'ayant collé au plancher de la classe du professeur de Potions -tout ça parce qu'il avait brûlé ses plans de cours, à ce rat imposteur. Toli lui avait donc fait passer un message par Saskie, lui demandant de le rejoindre vers minuit dans le hangar à côté de la Grande Salle, pour qu'ils puissent passer un peu de temps ensemble. Oui, dans un endroit où ils ne devraient pas être, à une heure où ils devraient dormir.
La routine, donc.
Un regard à la porte en entendant des pas. Il alla se poster à côté de la porte, la baguette prête à l'attaque, un Lumos informulé éclairant le visage de l'arrivant. Ou de l'arrivante, puisqu'il eût un sourire en voyant qui passait la porte avec autant de précautions que lui.

Allongée les bras croisés sous sa tête, Ksenia regardait le plafond du dortoir n°1 des filles de septième année. Le fait qu'elle soit insomniaque une fois tous les trois jours avait du bon, elle n'avait pas à craindre de s'endormir alors qu'elle devait sortir ce soir. Oui, sortir. Sortir de son dortoir alors que le couvre-feu était passé depuis presque deux heures ; qui plus est, sortir pour se rendre dans un endroit où elle n'était pas censée être. Oh, remarquez, pour elle, le chemin serait beaucoup moins dangereux que celui de Toli. Déjà, le dortoir n°1 était plus près des escaliers que celui de son tendre et cher. Deuxièmement, elle possédait un de ces superbes objets qu'on appelait une cape d'invisibilité. Cadeau de son oncle qui faisait partie de la Mafia Soviétique Sorcière. Elle n'avait bien sûr pas cherché à en savoir plus. Qu'elle ait une cape d'invisibilité était déjà un magnifique pied de nez fait de son oncle à l'Intendant de Dürmstrang qu'il connaissait. Et Brobroff n'en saurait certainement jamais rien, parce que Ksenia était discrète. Jetant un coup d'œil à son réveil et l'éclairant brièvement d'une faible lumière à l'extrémité de sa baguette, la jeune femme aux cheveux d'un blond-roux pour la semaine se leva. Elle changeait de couleur de cheveux chaque semaine, ça l'amusait. Les sortilèges étaient faits pour qu'on s'amuse avec, non ? Elle jeta un coup d'œil à son amie Saskie assoupie dans un sommeil paisible et sans rêve -pour une fois- et s'approcha de la porte. Remarquez, le lit de Ksenia était le plus proche de la porte, la raison était évidente : vu qu'elle était insomniaque, elle se levait en pleine nuit et sortait parfois. Par conséquent, plutôt que de réveiller tout le monde en traversant toute la pièce, elle prenait le lit le plus proche de la sortie comme ça elle ne butait dans aucun pied sur son chemin. Hell of an idea, hm ?

Elle sortit en faisant extrêmement attention à la porte qui avait tendance à grincer -même si elle lui avait lancé un sort pour graisser ses gonds- la referma derrière elle et passa la cape d'invisibilité sur son corps drapé déjà tout de noir. Puis elle se mit en route, ses pieds nus sur les dalles froides de ce grand château. Quoi, un problème avec sa tenue ? Les chaussures faisaient du bruit et elle était plus à l'aise pour courir quand elle était pieds nus. Pas qu'elle prévoyait de courir, hein, normalement tout irait bien, mais il le faudrait peut-être -Grindelwald forbid- et donc bon, mieux vaut prévenir que guérir, hein ? Bref. Gravissant donc les marches quatre à quatre en prenant bien soin de ne pas dépasser de sa cape d'invisibilité, elle parvint enfin au lieu du rendez-vous. Personne en vue, pas de sons de pas, elle ouvrit la porte du hangar avec bien de précautions. Ce ne fut qu'une fois qu'un lumos lui éclaira le visage par la gauche qu'elle abaissa la cape qui lui couvrait la tête et referma la porte. Puis elle souleva la cape qui la couvrait, la roula en boule et la jeta sur une grosse valise près d'eux. Et enfin elle daigna regarder celui qui avait voulu l'aveugler. Toli. Son Toli. Son amoureux. Un sourire ravi se dessina sur son visage, bien que mutin et assez singulier. Ils ne s'étaient pas vus depuis… Depuis le lendemain de la rentrée en fait. Le jour d'après, elle avait été convoquée par Brobroff pour vérification de ses dernières infractions et elle avait réussi à écoper du nettoyage des toilettes de l'Aile Ouest, avec interdiction d'aller se balader dans les toilettes de l'aile Nord. Néanmoins, elle y était allée et devinez qui elle y avait retrouvé ? Saskie. Non, franchement, Brobroff avait craqué. Passons. Il avait puni tous les septièmes années qu'il était sûr de pouvoir punir, il allait se calmer maintenant… Enfin elle espérait. Et n'ayant pas vu Toli, elle avait supposé qu'il s'était fait coincer aussi. Il avait vraiment raté quelque chose d'intéressant au dîner, mais Saskie avait fait passer le message. Brave et fidèle amie qu'était Saskie.

Détaillant la tenue de son tendre et cher -tout en noir-, elle ne put s'empêcher de se mordiller la lèvre inférieure. Elle faisait toujours ça quand elle avait une idée déplacée dans sa tête. Un tic qu'elle ne contrôlait pas. C'est qu'ils s'accordaient bien ce soir, tous les deux en noir. Lui en chandail, t-shirt et jean noir. Elle avec cette robe de sorcier noire à capuche -capuche qui ne servait d'ailleurs à rien quand on avait une cape d'invisibilité, mais bref. S'approchant de Toli avec ce sourire qui trahissait sa joie de le voir en ces lieux -quel hasard, vraiment !- elle pianota sur son torse avec ses doigts fins tout en demandant, en russe bien entendu :

я думала, что я потеряла тебя к Кагане, или к Броброфу, и Саске сказала мне, что у тебя были вещи, ты не мог не сделать … так, каково твоё оправдание?

« I thought i lost you to Kagana, or to Brobroff, and Saskie told me you had things you couldn't not do… So, what's your excuse ? »

Sa charmante retira sa cape d'invisibilité -un cadeau de son oncle qu'il lui enviait grandement- avant de se tourner vers lui, un joli sourire sur son visage. Aaah, il se sentait déjà fondre. Elle était également vêtue de noir, dans une robe à capuchon noire, ayant prévu le coup, et sa chevelure était d'un beau blond vénitien aujourd'hui. Graou. Il se laissa approcher, un infime frisson le traversant en sentant ses doigts tapoter son torse au-travers des tissus de ses chandails, et rit à voix basse à son commentaire :

KSENIA

TOLI

« I thought i lost you to Kagana, or to Brobroff, and Saskie told me you had things you couldn't not do… So, what's your excuse ?
- My heart belongs to the Dürmstrang's potions master. »

Puis, il se pencha et l'embrassa, ne pouvant résister -surtout quand elle mordait sa lèvre comme ça, avec son petit regard mutin. Elle comprendrait qu'il avait été forcé, pour la millième fois depuis son entrée dans cette école, à nettoyer chaque dalle du plancher de la salle de Potions, sous la supervision du maître des Potions, qui se faisait un plaisir chaque fois renouvelé d'aller dans le labyrinthe avant. Juste pour pouvoir mettre ses bottes pleines de boue un peu partout -surtout à l'endroit qu'il venait de nettoyer avec application. Toli, après un long baiser tendre, se recula et plaqua un baiser sur le front de son amoureuse, un grand sourire sur son visage pâle. Sa main alla effleurer la mâchoire de Ksenia, ses doigts minces effleurant sa peau, avant qu'il n'aille se promener un peu dans la salle. Il la regarda par dessus son épaule, toujours souriant. Elle avait ce don de dérider son visage souvent grave, de lui mettre un sourire sur les lèvres à tous coups, de lui donner envie de rire juste quand elle posait ses yeux sur lui.

TOLI

« Saskie said that you were busy, too. A meeting with Brobroff, she said. »

Son russe était moins joli que le sien, plus haché, l'accent arménien de sa mère -une langue indo-européenne qui empruntait autant au persan qu'au russe ou au grec- ayant fait sa part dans son langage. En plus, avec sa voix basse, il devait parler plus fort pour que tous ses mots soient clairs. Toli arriva à côté d'une torche et lui mit le feu du bout de sa baguette, éclairant la pièce plus clairement qu'avec sa baguette. Juste une, ça allait suffir ; pas besoin de la voir, il aimait autant la deviner. Il plaça sa baguette dans la poche de son pantalon et fit le tour de la pièce, s'assurant que la porte qui donnait sur la Grande Salle était déverrouillée -en cas de fuite express- en l'ouvrant et la refermant en silence. Parfait. Et en plus, il était rare que Marko et Ulrik viennent se batailler ici. Ils devraient être tranquilles. Le jeune homme se tourna vers sa copine et se dirigea vers elle lentement, observant les murs et le plafond pendant sa petite marche, puis les valises oubliées au sol. Dommage qu'il ne fasse pas plus chaud ici, il allait devoir remettre son troisième chandail dans peu de temps. Le sorcier arriva devant Ksenia, lui sourit et passa sa main sur sa taille, doucement.

Un rire amusé franchit les lèvres de la russe tandis que son amoureux affirmait que son cœur appartenait au professeur de Potions. Tu parles, il ne pouvait pas le supporter. Il avait dû passer la journée à nettoyer la salle de potions le pauvre petit ange. Dure journée pour lui. Surtout que l'autre avait dû le surveiller. Elle, au moins, elle avait été chanceuse, elle avait pu se faire la malle sans que Brobroff ne lui arrache les yeux, hey. Certains ont plus de chance que d'autres. Elle répondit avec douceur à son baiser, ses mains remontant le long du torse du jeune homme pour se joindre sur sa nuque. Et puis il l'embrassa sur le front, lui caressa la joue et s'écarta. Elle se retourna, le suivant du regard alors qu'elle allait s'asseoir sur une malle volumineuse, près de celle sur laquelle elle avait jeté sa cape d'invisibilité. Il reprit la parole alors qu'elle avait une idée stupide et très amusante à mettre en place… Elle prêta cependant attention à ce qu'il disait, ça aurait pu être important :

« Саске сказала, что вы были заняты, также. Встреча с Броброфу, сказала она. »
Saskie said that you were busy, too. A meeting with Brobroff, she said.

Ksenia haussa les épaules, l'air de vouloir dire que cette entrevue avec Brobroff n'avait rien arrangé à la vision qu'il avait d'elle. Aux yeux de l'intendant, elle persistait à être cette jeune fille qui sortait dans les couloirs la nuit et s'excusait en disant qu'elle était soit insomniaque, soit somnabule. En gros, il avait horreur de cette gamine. Passons. Une torche commença à brûler alors qu'ils éteignaient les extrémités de leurs baguettes. Puis, après un tour du propriétaire et une vérification d'issue de secours, il revint vers elle alors qu'elle avait soudainement très envie de mettre en œuvre sa dernière idée. Elle se releva de son siège improvisé et fit quelques pas pour aller à sa rencontre.Tandis qu'il passait sa main sur sa taille avec douceur, elle prit son visage entre ses mains, l'embrassa avec passion, puis, mutine, recula. Deux mots franchirent ses lèvres :

« Найди меня. »
Find me.

Et, plus rapide que l'éclair, elle s'empara de sa cape d'invisibilité, et se précipita au centre de la pièce tout en disparaissant sous la cape. Il allait la maudire, mais elle adorait jouer à ça. Généralement, il mettait du temps à la trouver, surtout dans une salle de cours où elle faisait attention à ne pas marcher sur les lattes de parquet grinçantes. Ici, ils étaient dans le hangar, elle était pieds nus sur un sol dallé… Bon, le problème, c'était qu'ils étaient sur un terrain miné : des tas de valises jonchaient le sol et bloquaient le passage. Pour le moment, Ksenia évoluait sans se casser la figure, observant Toli à qui elle faisait face -cachée et invisible à ses yeux- mais connaissant sa maladresse habituelle, ça ne tarderait pas.
Elle se gardait bien de dire un mot, il l'aurait retrouvée et lui aurait fait payer son espièglerie… Quoique connaissant son nounours, il n'aurait pas été bien méchant. Brave bête.

Elle l'embrassa avec passion, prenant son visage entre ses mains fines, avant de se reculer. Oh ho, il connaissait ce regard...

KSENIA

« Find me. »

Et plus rapidement qu'il ne faut de temps pour dire « Quidditch », elle attrapa sa cape d'invisibilité et disparut au centre de la pièce. Ah non ! Toli leva les bras en signe de désespoir. Elle a-do-rait jouer à ce petit jeu avec lui, se cacher jusqu'à ce qu'il lui tombe dessus et la chatouille à mort, ou l'embrasse jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus respirer. Des loisirs sains. Le septième année commença à marcher dans la pièce, se retenant de tendre ses bras devant lui, mais faisant tout de même de grands mouvements une fois de temps en temps. Une seule fois, il crût effleurer quelque chose, mais dès qu'il essaya de toucher plus concrètement ladite chose, rien. Il se planta donc au milieu de la pièce, essayant d'élaborer un plan. C'est qu'elle avait l'âme joueuse... peut-être voulait-elle lui faire payer le fait qu'il avait été puni ? La vilaine.

TOLI

« It isn't funny. »

Si au moins il n'avait pas un grand sourire imbécile sur son visage en disant cela, il aurait pu avoir l'air un minimum crédible. Le sorcier recommença se marche lente dans le hangar, malheureusement un peu trop grand à son goût, et baissa finalement la tête pour regarder les valises abandonnées au sol. Hin hin. Il avait trouvé. Il commença à prendre les valises et à les disposer un peu partout sur le sol, histoire de compliquer le cheminement de Ksenia dans la pièce. Maladroite comme elle était, cela n'allait être qu'une question de temps avant qu'elle ne se prenne les pieds dans une valise, ou qu'elle fasse tomber un objet quelconque. Puis, il alla se poster contre la porte, bras croisés, regardant très attentivement la pièce, le visage grave. Hmmmm... droite. Il partit donc vers la droite, évitant les valises, mais avançant à bonne vitesse tout de même. Sa main gauche frôla un tissu et il tenta de refermer sa main, mais Ksenia l'évita de justesse. Ha ha ! Il allait l'avoir -elle ne le savait juste pas encore. Toli rit pour lui-même et enleva son deuxième chandail à manches longues, se retrouvant seulement en t-shirt -bouger aussi vite, ça donnait chaud. Au pire, il le remettrait tantôt. Il le lança sur le banc et recommença à se promener, marchant selon les bruits de pas qu'il percevait, et lança bien haut, sur un ton pas bien menaçant :

TOLI

« I'll find you, little sunshine. »

Petit un, oui, elle adorait jouer à ce jeu. Certains jouaient au "Have you met…?", elle, elle jouait à cache-cache avec Toli. Petit deux, c'est aussi qu'il devait apprendre à préférer récurer le sol de potions plutôt que de passer l'après-midi en sa gracieuse compagnie. Et enfin… Non, c'était tout en fait. Ça l'amusait, aussi. Elle se souvenait que ça avait dû commencer vers avril 1986, quelques mois après qu'ils se soient mis en couple. Elle s'était cachée dans leur dortoir -ils étaient encore dans le même dortoir (mixte) à l'époque, sous sa cape d'invisibilité parce qu'il l'avait vexée (elle ne savait plus pourquoi d'ailleurs). Il avait mis du temps à la trouver, et avait fait tout ce qu'il avait pu pour se faire pardonner. Là, oui, nous sommes d'accord, il n'était pas responsable de son absence. Peut-être était-ce un peu exagéré de le punir… Sauf que ça n'était plus tellement une punition. Juste un jeu. Après qu'il ait réussi à la trouver une fois en utilisant un actio sur sa cape d'invisibilité, elle avait exigé qu'il n'use plus de magie comme ça, ça abîmait la cape. Et donc il devait toujours redoubler d'ingénuité pour… Bah pour la trouver. Une première fois il faillit l'attraper alors qu'elle passait silencieusement à quelques centimètres de lui pour se planquer dans un coin de la salle. Et puis il commenta

« Это не забавно. »
It isn't funny.

Mais si, voyons, c'était hilarant. Il avait un sourire idiot sur son visage, alors soit il venait de penser à un truc totalement débile, soit c'était autre chose. Problème, il finit par avoir une idée pour l'attraper. Elle aurait bien voulu lui dire qu'il trichait alors qu'il disposait les valises un peu partout, mais il l'aurait repérée immédiatement, et elle doutait de sa capacité à s'échapper assez vite. Une fois le champ de bataille installé, il se remit à sa recherche et elle dut s'écarter à temps avant qu'il ne tire sur sa cape. Elle était à présent au centre de la pièce, dans un cercle d'un mètre de rayon où aucune valise ne se trouvait. Elle s'arrêta cependant un instant dans sa fuite de l'autre côté de la pièce pour le contempler ôter son chandail. Une autre idée traversa son esprit, mais elle la chasse. Elle n'était pas comme cette garce de Kourkieva, elle n'allait pas semer des habits sur son passage dans le but de titiller Toli. Elle était une jeune femme de bonne famille, elle avait été présentée comme telle aux parents de Toli pendant l'Été -elle avait été terrifiée par cet événement, convaincue qu'elle arriverait à casser des objets rares (ce qu'elle fit, mais heureusement la Magie répare tout). Donc elle resterait décente, non mais.

« Я буду находить вас, небольшой свет. »
I'll find you, little sunshine.

Elle aurait vraiment voulu répondre ironiquement, mais aurait définitivement trahi sa position. Elle bougea de nouveau, le plus silencieusement possible, tentant d'assourdir le plus possible sa respiration et de retenir un fin rire. Elle réussit ainsi à venir derrière Toli. Sa baguette dans la main droite, elle avait dans l'idée de lui tapoter sur l'épaule avec le bout de bois puis de partir vers la droite. La première partie eut du bon, la deuxième rata car son pied buta dans une valise à terre, elle poussa un cri, et se retrouva plus ou moins à plat ventre sur une rangée de valises, la cape d'invisibilité la découvrant en certains endroits.

« Что, черт возьми, тот чемодан делал здесь? »
What the hell was that suitcase doing here ?

Elle roula sur le dos, le pied droit endolori, la tête à présent dans le vide, à quelques millimètres du sol en fait, ses yeux posés sur son tendre et cher qu'elle pointa du doigt d'un air accusateur -qu'il pouvait voir, la cape découvrait à présent le visage de la demoiselle :

« ты обманывал ! »
you cheated !

Il sursauta en sentant un coup de baguette sur son épaule et se retourna vivement, juste à temps pour entendre un cri et voir Ksenia, partielement découverte de sa cape, chuter sur une rangée de valises.Aaaah, il savait que son astuce avait eu du bon.

KSENIA

What the hell was that suitcase doing here ?

Toli éclata de rire, victorieux, levant les bras au plafond, poings fermés, avec un sourire victorieux. Elle avait oublié qu'il savait être astucieux -il était le cousin d'un Démon, tout de même, il fallait bien qu'il prouve ces racines, une fois de temps en temps. Ksenia se tourna sur le dos, se découvrant ainsi de sa cape, et le pointa du doigt, accusatrice :

KSENIA

TOLI

« You cheated !
- You're too cute, I just... used the offered ressources. »

Parce qu'en plus, il se faisait un plaisir de la narguer, lui tirant la langue comiquement alors qu'il prenait un ton faussement modeste. Il s'agenouilla à côté de la jeune femme et enleva tout à fait sa cape de sur elle, la jetant plus loin dans la pièce, près du banc où ses propres vêtements étaient posés. Puis, il se pencha, ses mains posées au sol de chaque côté de son corps mince surélevé du sol par les valises mal positionnées, et l'embrassa profondément. Il en profita même pour mordre doucement sa lèvre inférieure, avant de murmurer juste à côté de son oreille, taquin :

TOLI

« I win. »

Sans aucun doute. Toli mordilla le lobe de l'oreille de la demoiselle, avant de l'embrasser dans le cou et de la prendre dans ses bras, l'asseyant sur une valise. À rester allongée sur des malles abandonnées comme si c'était un lit, elle allait se faire mal au dos, l'inconsciente. Il s'assit sur le dallage froid, la saison des feux de foyers n'était pas encore commencée et le carrelage était glacial malgré septembre, les jambes en tailleur, et croisa ses bras sur son torse, un sourcil relevé. Elle aussi, elle connaissait cet air un peu joueur -il avait embarqué dans son jeu d'enfant. Mais il ne dit rien, décroisant ses bras pour prendre son poignet délicat, posant un baiser doux sur la peau tendre et blanche à l'intérieur du bras.

TOLI

« What is my price ? »

Un sourire malicieux, des yeux pourtant sérieux, la voix très basse vu qu'ils étaient près l'un de l'autre.

« Вы слишком симпатичны, я только... используемый предлагаемые ресурсы.
- жопа. »
You're too cute, I just... used the offered ressources.
- Asshole.

Cette insulte, elle l'avait murmuré alors qu'il lui tirait la langue et qu'elle abaissait son bras. Elle fut bientôt découverte par son bien-aimé, la cape qui la cachait aux yeux de son tendre et cher allant faire un tour de l'autre côté de la salle. Elle allait attraper froid ! Enfin, il avait l'air d'avoir une idée. Il se pencha vers elle, ses mains de chaque côté de la jeune femme et l'embrassa avec passion. Hm. Elle en ferma les yeux alors qu'elle répondait à son baiser et qu'un sourire se dessinait sur son visage. Et puis il annonça, au creux de son oreille qu'il avait gagné.
Ça, c'était pas très fair play. Mais c'était vrai. Il avait gagné. Elle noua ses bras autour de la nuque de son tendre et cher tout en basculant sa tête en arrière alors qu'il l'embrassait dans le cou. Et bientôt, elle se retrouva assise sur une valise assez large et assez résistante. Elle s'étira un peu, se fit craquer les vertèbres cervicales et observa alors le vainqueur de leur petit jeu. Il n'allait pas tarder à réclamer son trophée. À genoux devant quelques secondes plus tôt, il s'assit en tailleur. Et croisa ses bras. Et arqua un sourcil. Ooooh, elle reconnaissait cet air-là. Il l'avait suivi dans ce jeu stupide. Elle ne résista pas lorsqu'il vint lui prendre le poignet pour l'embrasser à l'intérieur de l'avant-bras. Elle ne retira pas non plus son poignet d'entre ses doigts lorsqu'il reprit la parole, demandant tout à fait innocemment :

« Что такое - моя цена? »
What is my price ?

Au contraire, elle esquissa un sourire en coin. Oui, ça l'amusait. Elle comprenait parfaitement les sous-entendus d'une phrase pareille. Cependant, elle se devait d'être chaste et pure, voyons. C'est bien pour cela qu'elle s'agenouilla, plutôt que de rester assise sur la valise et posa finalement la main dont le poignet était tenu par Toli sur la cuisse de son amoureux. Se penchant vers lui, elle lui vola un baiser avant de lui murmurer à l'oreille, comme si elle avait peur de se faire entendre :

« Mmh, скажем, все ты хотите ? »
Mmh, let's say everything you want ?

Elle ne s'échappait plus. Il l'aurait attrapée en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "Quidditch". Et c'en aurait été fini d'elle. Elle l'embrassa de nouveau, frotta son nez contre le sien en un baiser inuit, puis se mordilla de nouveau la lèvre inférieure -son tic auquel elle ne pouvait rien. Le sol était glacé pour ses mollets et ses pieds nus, si bien qu'elle se releva légèrement pour se rasseoir sur la valise qu'elle avait abandonné, attirant Toli à elle.

« Ты можешь сделать то, что ты хочешь, меня тащить на эту замороженную почву. Если ты делаешь это, я тебе не говорю больше. »
You can do whatever you want, except dragging me on this frozen soil. If you do this, I will not speak to you any more.

Un ultimatum ? Oui, parfaitement. Ou alors une provocation. Parce qu'il pouvait aussi prendre ça dans un autre sens, et décider de la mettre au défi de ne plus rien dire. Ce qui n'aurait pas été gentil du tout. Elle le fixait de ses yeux bleu-vert, le surveillant, redoutant peut-être la façon dont il allait prendre ses derniers mots…

Lui, faire des sous-entendus ? Jamais, voyons ! Il était une référence en ce qui avait trait à la chasteté... not. Pas qu'il était dévergondé, il n'était pas le pendant masculin de Kourkieva tout de même, mais il n'était pas un saint non plus. Elle se pencha vers lui, posant sa main sur sa cuisse avant d elui voler un baiser et de murmurer, près de son oreille :

KSENIA

« Mmh, let's say everything you want ? »

Oh ho. Là, ça s'appelait de la tentation. Quoi, comment ça, il s'en doutait déjà ? Elle aurait parfaitement pu lui spécifier quelque chose ! Toli se mordit la lèvre inférieure, comme en réponse au tic que son amoureuse avait, avant de l'embrasser encore une fois. Il ne s'en lasserait pas. Un petit rire quand elle frotta son nez contre le sien, les yeux fixés sur se slèvres. Elle les mordillait. Bon, d'accord, il comprenait le message -pas besoin de lui faire un dessin, en quelque sorte. Il était blond, mais pas idiot, non plus. Bonne pâte, il se laissa attirer à Ksenia, jusqu'à avoir son visage très près du sien, jusqu'à sentir son souffle chaud sur sa peau.

KSENIA

« You can do whatever you want, except dragging me on this frozen soil. If you do this, I will not speak to you any more. »

C'est qu'elle le provoquait, là. Ses yeux bleu-vert le surveillait, comme pour essayer de deviner ses pensées, alors que ses propres iris bleus étaient pensifs. Bon... céderait-il à la tentation de l'immobiliser sur le sol -glacé pour de vrai, il en avait déjà les cuisses- sous son poids, juste pour l'énerver pendant qu'il allait l'embrasser ? Ou serait-il sage ? Mmmm. Toli opta finalement pour un peu des deux et renversa sa belle sur la valise, la tête à quelques centimètres du sol, se levant pour se placer à califourchon sur elle, un genou sur la valise, l'autre sur le sol froid. Très confortable.

TOLI

« Never again ? »

Le jeune homme se pencha sur elle et l'embrassa dans le cou, mordillant un peu sa peau pâle. Puis, sans l'avertir, il fit bouger la valise, ce qui fit tomber Ksenia -de pas bien haut- sur le sol froid. Heureusement pour tout le monde, il avait placé sa main sous sa tête et l'autre sur sa taille, remontant jusqu'à ses seins, doucement, avant de descendre sur sa cuisse. Toli l'embrassa, laissant sa langue traîner sur ses lèvres légèrement, avant de rajouter, à voix très basse :

TOLI

TEACHER

« Never never never again ?
- Why verifying the shed ? We never make it ! »

Il s'immobilisa, le visage à un centimètre de Ksenia, sa main droite sur son sein, la gauche sur sa cuisse.
Un mot : merde.

Elle, le provoquer ? jamais elle n'aurait osé. Ça n'était tellement pas son genre ! Elle était pure, prude, chaste, innocente. Absolument pas le genre de demoiselle à allumer sciemment un quelconque désir dans les yeux de son partenaire. Du tout. La réaction de Toli était à peu près celle qu'elle avait imaginé. À présent allongée plus ou moins confortablement sur la valise, elle fixait avec prudence son amoureux, consciente qu'il allait peut-être (sans doute) lui faire un coup vache.

« Никогда снова ?
- Никогда. »
Never again ?
- Never.

Au moins, elle était sûre de ce qu'elle affirmait. Elle redoutait bien sûr les prochains gestes de son tendre et cher, tout ça parce qu'il avait eu cette étincelle malicieuse dans les yeux quand il lui avait demandé si vraiment, pour de vrai de vrai, elle ne dirait plus un seul mot s'il la plaquait contre le sol glacé. Et elle confirmait. Non, s'il osait, elle ne lui parlerait plus. Bon, elle n'était pas franchement sérieuse, nous le savons tous. Mais elle semblait décidée à ne plus lui adresser la parole s'il lui faisait subir la morsure du froid du sol. Tout commençait bien, il l'embrassa dans le cou, lui mordillant un peu la peau en passant… Et puis tout bascula -c'est le cas de le dire- et elle se retrouva contre le sol froid, allongée sur le dos. Grindelwald, elle l'aurait tué. Une vague de frissons la parcourut toute entière tandis qu'elle raffermissait sa prise sur sa nuque et qu'elle serrait les dents pour retenir un juron. Dents qu'elle desserra d'ailleurs lorsque la main de Toli se mit à se balader, laissant échapper un soupir d'aise. Et il choisit ce moment-là pour l'embrasser, taquin, coquin, avant de l'interroger de nouveau :

« Никогда никогда никогда снова ? »
Never never never again ?

Elle l'aurait insulté. Elle l'aurait traité de tous les noms d'oiseau et elle aurait perdu le défi. Mais elle fut sauvée par une voix, qu'elle aurait été mieux de ne pas entendre. Une voix qui aurait été mieux de ne pas résonner. Quoique, ça leur donnait l'alarme. Sans ça, les professeurs auraient ouvert le hangar, les auraient découvert dans une position bien peu décente, en plus d'être hors de leurs dortoirs après le couvre-feu.

« Почему подтверждение навеса? Мы никогда не делаем это! »
Why verifying the shed ? We never make it !

Oui, très bonne question. Pourquoi juste ce soir avaient-ils décidé de vérifier le hangar ? Ça faisait trois jours que les cours avaient repris, ça ne servait à rien de vérifier le hangar, hein ? Ksenia réagit au quart de tour, la porte de sortie était trop loin pour le moment. En à peine un instant, elle s'était relevée avec Toli -qui s'était levé avant l'autre, impossible de savoir- avait lancé un actio informulé et avait récupéré sa cape d'invisibilité d'une taille bien assez large pour cacher deux personnes —en fait, elle pouvait en cacher quatre, ils avaient découvert ça l'année dernière avec Saskie et Tcherny. Passant ses bras autour de la nuque de Toli, elle l'embrassa avec passion avant de murmurer un :

« Я тебя люблю. »
I love you.

Quoi, ça sonnait comme une déclaration de dernière minute, comme si c'était les derniers mots qu'on disait à un condamné. Serrée contre Toli, debout pas loin du centre de la salle, cachés sous une cape d'invisibilité vachement utile, Ksenia aurait bien prié les Mages, là. Mais alors que la porte du Hangar s'ouvrait, Ksenia remarqua la flamme de la torche que son tendre et cher avait allumé quelques minutes plus tôt. Ils étaient faits. Coincés. Pour le moment. Les professeurs entrèrent : le professeur de Potions -soit celui qui haïssait le plus Toli ici présent- et le professeur d'Alchimie. Hm. Au moins, c'était pas Magie Noire. Parce que si ça avait été Magie Noire, ils auraient vraiment été dans la merde. Et plutôt que d'y penser, Ksenia embrassa tendrement Toli, en espérant secrètement qu'il trouverait une solution pour les tirer de là avant que les professeurs ne comprennent ce qu'il s'était passé ici.

Merlin et Grindelwald devaient se marrer, les deux tourtereaux étaient coincés.

« Что это? »
What's this ?

Elle tournait le dos aux professeurs, la voix venait de derrière. Ne voyant pas ce qu'il se passait derrière elle, elle ne pouvait que supposer… Et les suppositions la pétrifiaient sur place.

En pagaille, les deux jeunes gens se levèrent du sol, Ksenia rattrapant sa cape avec un Accio bien sentit pour les abriter. Il se pencha, mais à quoi ça pouvait bien servir d'être aussi grand ?, pour se cacher sous la cape. Un instant de surprise quand elle passa ses bras autour de son cou pour l'embrasser.

KSENIA

« I love you. »

Il la serra plus étroitement contre lui, plaquant son corps frêle contre le sien, histoire de prendre le moins de place possible. La porte s'ouvrit, laissant place à deux enseignants qu'il n'aurait pas voulu voir. Premièrement, son incroyable compagnon de vie, le professeur de Potions, et le professeur d'Alchimie. Lui, il ne l'avait jamais eu, mais déjà, pour accepter de travailler avec le professeur de Potions, fallait pas être net. De son point de vue, il pouvait parfaitement observer leurs gestes et le fait qu'ils venaient de voir qu'une torche était allumée. Impossible de faire croire qu'un concierge l'avait oubliée ; ça faisait trois jours, tout de même, que l'école était commencée. Ksenia l'embrassa tendrement, le déconcentrant légèrement de son observation -légèrement hein. D'accord, c'était pas discret de s'embrasser alors qu'on est dans le pétrin, mais ça avait le mérite d'être réconfortant.

ALCHEMY TEACHER

« What's this ? »

Mais oui, han, qu'était-ce ? Le professeur d'Alchimie alla vers le banc pour prendre les deux chandails noirs dans ses mains. Toli forma un juron avec ses lèvres, en silence. Là, ils étaient grillés. Personne ne pouvait dire que c'étaient ses vêtements, mais quand même. Après un coup d'oeil au sol, il se recula un peu, tenant Ksenia contre lui, évitant les valises. Moins ils seraient au centre de la pièce, plus ils auraient de chance de rester cachés. Le professeur de Potions prit les chandails entre ses mains, les yeux plissés. Non, quand il avait récurré son plancher, il était en uniforme, il s'en rappelait. Pas vrai qu'il allait se faire trahir à cause d'un chandail. Les deux professeurs regardèrent la porte qui donnait sur la Grande Salle, mais ce fût le professeur de Potions qui s'avança le premier, laissant tomber les vêtements sur le banc.

POTION'S MASTER

ALCHEMY TEACHER

« Stay here. In case they come back.
- No problem. »

Le désavantage d'avoir des professeurs intelligents. Ils n'étaient pas sortis de l'auberge, là.Toli se pencha un peu plus, embrassa sa copine sous l'oreille, puis l'amena encore un peu plus vers le mur, dans un grand silence. Le professeur de Potions ouvrit la porte et entra dans la Grande Salle, en laissant la porte ouverte pour être sûr d'être entendu de son camarade. Que de prudence. Et s'ils se rapprochaient du banc ? Gradez vos amis près de vous et vos ennemis encore plus près... quoique là, avec la maladresse de Ksenia, ils risquaient de se planter sur une valise. Il décida donc de ne pas bouger.

Serrée contre son amoureux, Ksenia faisait tout ce qu'elle pouvait pour contrôler sa respiration. Si un hoquet lui échappait, ils seraient repérés. Alors elle avait enfoui son visage dans le creux du cou de Toli, ses bras noués autour de sa nuque. Ils s'en sortiraient, hein ? Il leur était arrivé des trucs plus embêtants et ça s'était bien passé, alors ils ne craignaient rien, finalement. Hein ? Pas vrai ?
Puis Toli se mit à bouger, les guidant entre les valises au sol. Ksenia avait un peu baissé les yeux vers le sol, pour faire attention aussi. Ils s'écartèrent donc du centre de la pièce, ce qui en effet n'était pas une si mauvaise chose. Après tout, mieux valait -comme l'avait pensé Toli- ne pas rester trop au centre, ils auraient pu être frôlés par un des deux professeurs décidé à faire le tour de la pièce. Et cela eût été très fâcheux. Un bruit sourd se fit entendre et bientôt Ksenia vit passer dans son champ de vision le professeur de Potions qui se dirigeait vers la Grande Salle dont il ouvrit la porte. Problème : à ce qu'il put dire au professeur d'Alchimie, elle comprit que les issues seraient dorénavant bouchées des deux côtés. Sauf s'ils trouvaient un moyen de s'en sortir… Un frisson la parcourut finalement lorsque Toli l'embrassa sous l'oreille, mais elle n'émit pas un seul son. Quand il fallait qu'elle reste silencieuse, elle y arrivait. Et là, le moindre bruit causerait leur perte. Donc quoi que fasse Toli, elle devait être très très très silencieuse. Ils étaient près du mur, et en tournant un peu la tête vers la droite, elle arrivait à voir le Professeur d'Alchimie, planté devant la porte du Hangar. Hm. S'il s'avançait un peu, ils arriveraient peut-être à passer entre lui et la porte, sans faire de bruit, et à s'enfuir pour de bon, non ? Ou bien ils passaient par la Grande Salle, mais ça aussi, fallait vraiment avoir la foi. Et puis avec le professeur de Potions dans la Grande Salle, ça relevait du suicide. Donc non.

Une lueur d'idée jaillit soudainement et elle la communiqua à son tendre et cher sans émettre un son, au simple mouvement de ses lèvres. Ce fut assez fastidieux car elle devait bien articuler, mais bientôt elle lui fit comprendre ce qu'elle avait pensé : un, il fallait qu'ils se rapprochent de la porte entre le Hangar et le couloir ; deux, une fois qu'ils seraient assez proches du professeur d'Alchimie, ils feraient tomber une valise vers le centre de la pièce : ni trop proche, ni trop loin, pour pas que le professeur encore présent dans la salle comprenne l'arnaque, et ils se crapahuteraient une fois le passage libéré.
Sauf qu'apparemment, d'autres élèves avaient décidé de se retrouver dans la Grande Salle cette nuit parce que bientôt, le professeur de Potions laissa échapper un "Ah !" de satisfaction. Le regard bleu-vert de Ksenia croisa celui de son nounours alors qu'elle arquait un sourcil. Savait-il qui ça pouvait être ?

« Я нашел их! »
I've found them !

Ils ne le sauraient sans doute que le lendemain. Le professeur d'Alchimie s'approcha de la Grande Salle, et sans plus tarder, Ksenia entraîna Toli avec elle, sans courir car ils auraient été entendus, mais en marchant assez vite. Un accio acheva de récupérer les preuves contre Toli et ils quittèrent ces lieux bien plus dangereux qu'ils n'auraient dû l'être.
Ils marchèrent un peu avant d'arriver devant un endroit du couloir du premier étage de l'aile Nord truffé de passages secrets. Et puis qu'il fallait s'éloigner au plus tôt de lieux où la ronde était encore possible, et que Ksenia n'avait aucune envie de se séparer de Toli pour retourner dans son dortoir, elle prit celui qui débouchait sur le Cachot Maudit, un endroit où jamais personne ne se rendait passées onze heures du soir, pas même les professeurs. Enfin, c'était ce qui se disait entre les quelques & rares élèves intéressés par les escapades nocturnes.

Suite de l'aventure